📍 English Songs

Tallis Thomas (1500-1585)
Thomas Tallis était un compositeur anglais : il composera pour la dynastie des Tudors tel le roi Henri VIII, Edouard VI, la Reine Marie et Elisabeth I. Fervent catholique malgré le schisme anglican, il sait néanmoins adapter sa musique et compose pour la liturgie anglicane, en langue vernaculaire. Le psaume « Verily, verily I say unto you » est une traduction anglaise du verset 6:53 de l'Evangile selon St Jean, probablement tirée de la Bible de Tyndale, antérieure à la fameuse Bible du Roi Jacques. On pourrait le traduire ainsi : « En vérité, en vérité je vous dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous-même. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est une véritable nourriture, et mon sang un véritable breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui ». Il ne s'agit pas d'une tribu de cannibales, mais bien de la métaphore de l'eucharistie, symbole du don suprême de l'amour du Christ pour son peuple, le don de son corps.

« If ye love me » est extrait d'un psaume du même Evangile selon St Jean, verset 14:15, composé pour le roi Edouard VI. Il relate les mots que Jésus a prononcé devant ses disciples avant sa mort, promettant ainsi que Dieu leur enverrait une consolation, sous la forme du Saint-Esprit, aussi appelé ici l'Esprit de vérité. On a les premières traces de ce chant à 4 voix vers 1548, il est connu pour être un exemple du style de la réforme, typique des motets anglicans, essentiellement homophonique, sous la forme ABB. Pour l'anecdote, ce motet est souvent chanté en Angleterre lors des visites du Pape, et il a aussi été choisi comme hymne lors du mariage de Harry & Meghan en 2018. « Si vous m'aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement. L'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas. Mais vous, vous le connaissez parce qu'il demeure en vous, et qu'il restera en vous ».
William Byrd (1540-1623)
Byrd succède à Thomas Tallis, dont il a probablement suivi les enseignements. Il compose la Messe à 4 voix durant le règne d'Elisabeth I, autour de 1592-93, comme ordinaire de la messe catholique issue du concile de Trente. Il composera aussi une messe à 3 et 5 voix, superbes elles aussi. La messe à 4 voix s'inspire largement de John Taverner (considéré comme un des plus grands compositeurs sous le règne d'Henri VIII), dont il emprunte certaines cadences. Cette messe a été chantée lors du couronnement de Charles III d'Angleterre. Le passage que nous allons vous chanter est le Kyrie, « Seigneur, prends pitié ». « Wounded I am » est une chanson a cappella de William Byrd, qui prend appui sur un poème de Palestrina traduit de l'italien « Io son ferito », « Je suis blessé ». Publié dans le recueil « Songs of sundrie natures » en 1589, il est un des premiers exemples de l'influence du madrigal italien sur la musique anglaise.
Orlando Gibbons (1583-1625)

Organiste et compositeur à la Chapelle Royale du Roi Jacques Ier, composant essentiellement de la musique sacrée, il est un des maîtres de l'école anglaise du virginal et du madrigal. Il est considéré comme le trait d'union entre le style renaissance et baroque anglais. Première publication en 1623, composé sur le poème de Phineas Fletcher. Il s'agit d'une chanson évoquant une femme qui lave les pieds du « Prince de la Paix » avec ses larmes. Dieu et Jesus ne sont pas explicitement nommés, mais la texture de cet hymne à 4 voix évoque la peine que chacun peut ressentir face au corps de celui qu'on a aimé. Les 4 voix en osmose, Gibbons nous offre un hymne à la perte et donc à l'amour.
John Dowland (1563-1626)

Pour continuer dans le drame amoureux et les larmes, « Flow my tears » est une chanson composée sur une pavane, donc une danse qui a l'origine était un air de luth appelé « Lachrimae pavane », soit la pavane des larmes. Cet air fut si célèbre que John Dowland signait souvent « Jo : dolandi de Lachrimae », faisant au passage un jeu de mots sur la proximité entre son nom propre et la douleur en latin. Les 4 notes descendantes du début sont souvent utilisées à l'époque élisabéthaine pour signifier le chagrin, motif que l'on retrouve aussi chez Roland de Lassus en Wallonie, ou dans les madrigaux de Luca Marenzio en Italie. « Flow my tears » est un véritable tube qui gagne toute l'Europe, copiée, imprimée et traduite dans plus d'une centaine d'ouvrages de l'Espagne jusqu'à la Suède. On trouve des déclinaisons de cet air jusque dans les oeuvres de Sweelinck en Hollande ou celle de Benjamin Britten dans le début de son Lachrymae, écrit en 1977.
John Bennett (1575-1614)
Contemporain d'Orlando Gibbons, John Bennett s'illustre dans la composition de madrigaux, sous l'influence de Dowland dont il est le contemporain. « Weep ô mine eyes » est un hommage au célèbre « Flow my tears », écrit au décès de Dowland dont il admirait profondément l'oeuvre, et qui en reprend le sujet.
John Dowland
Nous retrouvons Dowland avec une chanson gaillarde de 1600 environ, délicieusement ambiguë. Nous sommes sur la place d'un village de campagne, où un marchant ambulant tente de vendre sa cargaison, tout en admettant que les marchandises n'ont aucune valeur. On y entend un homme tenter de séduire les dames avec de la camelote sur un air enjoué, tout en clamant que son coeur est bon, et les faisant passer pour des trésors d'une grande valeur. De quels trésors s'agit-il vraiment, nous vous laissons imaginer ce que vous voudrez... Cette chanson fait partie désormais du folklore anglais, reprise ces dernières années par Sting notamment dans l'album qu'il a sorti en 2006.
Henry Purcell (1659-1695)

Nous avançons dans le XVIIème siècle et entrons dans la période baroque avec Henry Purcell. Né d'un père musicien et gentilhomme de la Chapelle Royale, Purcell rentre dans la prestigieuse Westminster School et suit l'estimable enseignement de John Blow. Purcell compose dans les années qui suivent de nombreuses pièces opératiques pour le théâtre, dont le très célèbre Didon & Énée. Certains font écho à l'oeuvre de William Shakespeare comme « Fairy Queen » (inspirée de Songes d'une nuit d'été), ou « If music be the food of love », qui s'inspire des premiers vers de la Nuit des Rois. Purcell composera aussi sur un livret de John Dryden le fameux « King Arthur » (le Roi Arthur), dont nous avons extrait « Fairest Isle ». De ces opéras, voici quelques airs célébrant l'amour et ses tourments, vous pourrez admirer la beauté et la complexité que la musique baroque amène à la composition, libérée de ses rigidités médiévales.
Concerts :
- ⏰ [Réserver] SAM 14 FEV 2026 : Nantes, Chapelle Saint Joseph (rue Gaston Turpin), 18h
- ⏰ [Réserver] SAM 7 MAR 2026 : Nantes, Église Sainte-Élisabeth (rue de Coulmiers), 20h
Concerts :